INUI est de ces groupes qui s’ingénient à ne rien réinventer mais à s’inventer dans tout. Dans la nature et dans les clairs-obscurs, ce qui sort des gorges quasi-inuites, tout à fait puissantes. Ce qui sonne, d’abord. Les voix. Modernes et vivantes. Y tremblent tantôt la révolte et le tourment, tantôt la chaleur et les envolées lyriques. Ce qu’on entend, ensuite, volcanique, liquide et aérien. Plein de vertiges.
Mâtinés d’onirisme et de rythmiques effrénées, flirtant avec le jazz et la transe des musiques électroniques, avec l’audace des arts premiers. La musique d’INUI, c’est une musique à facettes. Multiple et unanime. Le soin du détail, le choix du mouvement l’habite. Carrée comme une machinerie pop expérimentale, engagée comme une saillie rock, la musique du quartet est redoutable. Positivement redoutable. Têtue et entêtante. Le quatuor met le feu avec Incendie, prend l’air avec Aria et chamanise avec Primitives. Tautologique, INUI ? Oui aussi. Avec rebonds et sans redondance. L’hypnose est claire. Dans le continuum de cette recherche sur le son et la musicalité, les deux voix se poursuivent et se trouvent, chahutent et fusionnent. Celle de Clémence Lagier explorant et jouant à retranscrire la douceur et l’âpreté d’un imaginaire tapissé de forêts, d’oiseaux migrateurs et de rêverie surréaliste. Celle, puissante et douce, de Valeria Vitrano qui a en bouche les sons d'une Sicile où grondent les volcans, où les vagues percutent les rochers avec une rage amoureuse. Soutenant puis enveloppant les deux voix, il y a la basse et la frappe. Cursives, inlassables et puissantes. Maya Cros, basse dans une main et tient de l’autre les ostinatos et le psychédélisme. Dimitri Kogane frappe comme d’autres respirent. Amplement.
Texte : Guillaume Malvoisin | Photos : Sylvain Gripoix