Texte : Robin Mercier | Photos : Julia Gat
Pour composer la moelle de ce premier répertoire, Adèle Viret a choisi de revenir au piano de la maison de son enfance, comme un retour au paysage ordinaire, au coutumier des histoires familiales et musicales. Sans autre préalable que d’ouvrir voie à des élans spontanés, elle a laissé ses mains filer librement sur le clavier pour faire danser les cordes et les marteaux. Et à partir de ce geste brut, elle a tissé un premier canevas autour duquel mêler son violoncelle et la voix de trois musiciens qui lui sont chers : Oscar Viret, le fraternel complice à la trompette, Wajdi Riahi au piano, et Pierre Hurty à la batterie.
L’instrumentation de ce quartet se veut singulière, et elle nous emmène au creux d’une atmosphère toute chambriste où le partage des rôles, le relais, la permutation, sont aussi indispensables qu’une généreuse dose de malice et d’audace. La confiance mutuelle y est totale et on navigue en tendresse entre des horizons qu’on dirait parfois baignés de rivages méditerranéens, et d’autres où le ciel se fait plus incertain, tempétueux peut-être, comme un orage inondant les Flandres sur de joyeux Noés exaltant : « Godzijdank ! het regent ! », à moins qu’il ne s’agisse déjà là de préludes à la rêverie, ou d’invitations à la fugue. Au gré des éclats, des pas de deux, puis trois puis quatre, on embarque, et chemin faisant résonnent en nous marées d’équinoxe, grands espaces, et autres roulez-jeunesse !