Judith Kobus est spécialisée dans la promotion auprès des artistes et des producteur.rice.s : sortie d’albums, tournées, festivals, congrès et salons professionnels. Depuis plus de 6 mois, elle mène également une enquête sur les possibilités de financement pour les musiciens et musiciennes de jazz et de musiques improvisées, à l’échelle européenne.

Quels sont les moyens européens ou internationaux pour encourager l’émergence de jeunes groupes ?

En ce qui concerne la promotion de l’excellence — au centre de notre enquête —, il y a des réseaux à l’échelle nationale et régionale, ainsi qu’au niveau international et européen. Des dispositifs comme Stepping Stone, Jazz Migration, NICA, SOFIA, SoundOut, pour n’en nommer que quelques-uns. Certains d’entre eux accueillent des participants internationaux (par exemple, le projet Focusyear à Bâle), d’autres seulement nationaux (comme le High priority jazz promotion en Suisse). Outre l’accent mis sur le développement artistique, certains d’entre eux incluent également des modules tels que la mise en place de tournées et la construction d’un réseau international : présence dans des salons professionnels ou participation à des showcases en festival.

Quelles évolutions remarquables avez-vous pu identifier ces dernières années ?

Du point de vue de l’artiste, il devient vraiment évident qu’une bonne connaissance du milieu est nécessaire, connaître réellement ce que fait un label, quel est le travail d’un booker, comment organiser un concert ou un festival… Et tous ces petits détails qui forment ce qu’on appelle « l’industrie musicale ». Si on parle des dispositifs à l’émergence, le réseau international est également un élément très important. Ces partenariats aident à s’adresser à un public ainsi qu’à l’industrie musicale en dehors de son propre pays. Enfin, les dispositifs à long terme semblent avoir un effet positif sur l’émergence. Le temps long conduit à l’apprentissage de différents outils, de compétences et amène donc de la sécurité, de la créativité et de la force.

Que resterait-t-il à faire pour faciliter le développement des artistes en dehors de leurs frontières ?

Le jazz est une langue internationale quoi qu’il arrive, les frontières nationales sont naturellement traversées musicalement grâce à de nombreux projets artistiques en Europe. La grille des dispositifs de financement devrait tenir compte de ça. Par conséquent, la coopération internationale devrait être renforcée et le principe « d’export» des musicien.ne.s devrait être transformée en une véritable idée de mise en réseau.

Pierre-Olivier Bobo & Guillaume Malvoisin

Plus d'articles de Jazz Mig Mag :

Diffusion à la Réunion, état des lieux

Les spécificités de la diffusion dans les espaces ultramarins avaient été interrogées en 2022 lors d’une table ronde « Outre-mer et international », reprise dans le Jazz Mig Mag #2. Pour compléter ces réflexions, et en lien avec la présence de Sėlēnę dans la selecta Jazz Migration #10, Jazz Mig Mag #5 a interrogé plusieurs professionnel·les de la Réunion invité·es aux Rencontres AJC pour cartographier l’écosystème d’une île aux enjeux de diffusion à la croisée de la France, de l’Europe et de l’océan Indien.

Lire la suite »

Jazz et transition : quelles nouvelles dynamiques collectives pour les acteur·rices du jazz ?

Le champ du jazz traverse de profondes mutations : déséquilibres entre production et diffusion, évolution du rapport au public, engagement bénévole en recul, sans oublier les enjeux sociétaux autour de l’égalité, de la diversité ou de l’écologie. Ce texte, issu d’une table ronde réunissant professionnel·les et institutionnel·les du secteur, propose de croiser les regards pour mieux comprendre ces transitions, identifier les défis à venir et imaginer de nouveaux équilibres pour le jazz et les musiques improvisées.

Lire la suite »

La musique à mille branches

Puisqu’il s’agirait ces-jours-ci de la survie du « monde de la culture », qui est une industrie aussi, et une industrie mal en point comme presque toutes les autres, puisqu’il s’agirait des moyens à déployer pour continuer à inventer avec ivresse, avec allégresse… pourrait-on imaginer de se plonger dans « une longue marche », comme si la route sous nos pas devenait une rivière, comme sur le disque enregistré par Archie Shepp et Max Roach, un soir d’été au Willisau Jazz Festival, en 1979, et intitulé « The Long March », en référence aux révolutionnaires chinois d’un autre temps ?

Lire la suite »