Pour les artistes de la table ronde, l’international est d’ores et déjà présent dans leurs identités. Isabelle Fruleux, artiste résidente à la Cité internationale des arts, est née d’un père martiniquais et d’une mère polonaise et a grandi à Marseille, dans les quartiers populaires. Puiser dans les textes martiniquais a été pour elle un moyen de conjuguer ses racines multiples : « J’ai été accueillie dans les textes de Fanon, de Glissant ou de Césaire. J’ai senti que je pouvais entrer dans ces textes en étant tout ce que j’étais à la fois. » Les cultures ultramarines permettent d’interroger ces origines kaléidoscopiques. Le projet « Bigidi Pa ka tonbé » mêlant performance artistique et dansée de l’artiste Nayabiwgué Abrin et de la danseuse de twerk Patricia Badin, réunis car résident.e.s parisien.ne.s et coupé.e.s de leur Guadeloupe, interroge leur rapport à cet « ici » métropolitain et ce « là-bas » originel. Cédrick-Isham Calvados, auteur de la série documentaire « Labalavi » poursuit ces mêmes interrogations quant à la diaspora guadeloupéenne : « Au niveau de mon identité, qu’est-ce que je perds, qu’est-ce que je gagne, qu’est-ce que je transforme dans un espace qui me demande sans cesse de m’intégrer ? »
Pour les intervenant.e.s, ces interrogations liées aux identités sont essentielles pour désamorcer les stéréotypes liés aux cultures ultramarines et faciliter la présence internationale des artistes. « Il y a souvent un non-dit, une attente particulière sur une création esthétique d’Outre-Mer. L’Outre-Mer a le droit d’avoir des créations contemporaines, et le droit de ne pas avoir quelque chose “qui fait” antillais ou autre », résume Manuel Césaire. Pour aller dans cette direction, Jacques Martial, conseiller délégué aux Outre-mer à la mairie de Paris, souligne l’importance des espaces de dialogues et de rencontres comme à la Cité internationale des arts. « Quand les institutions bougent, s’interrogent sur ce ”nous”, les choses peuvent commencer à bouger ».