Trio composé par Madeleine Cazenave dont la percussion sonne tranchante sous le bois des touches noires et blanches. La basse de Sylvain Didou et la batterie de Boris Louvet font s’envoler les volutes vers les cimes, ou vers les abysses selon la situation planétaire de l’auditeur.
ROUGE, une douce tempête…
Dans l’univers de ROUGE, trois pigments suffisent à déstabiliser les couleurs connues et nous entraînent dans une odyssée chromatique. Entourée de Sylvain Didou (contrebasse) et de Boris Louvet (batterie), la pianiste Madeleine Cazenave déploie sa palette sonore sans jamais s’emmêler les pinceaux. On y retrouve ses influences résolument multicolores, puisqu’il y a quelque chose de Satie et de Ravel dans les accents classiques, symbolistes, et à l’autre bout du spectre, les tons chauds-froids de Tigran Hamasyan, E.S.T. ou Gogo Penguin.
L’une des grandes réussites du trio, c’est cette manière unique de tisser une résille mélodique pour y tendre des lignes de basse et capturer le grésil percussif. A partir des compositions de Madeleine Cazenave, les trois alchimistes de ROUGE cherchent ensemble, jusqu’à parfaire la vibration collective.
Leur premier album Derrière les paupières évoque une traversée orageuse, un cheminement aérien et sensible vers une éclaircie intérieure. Avec une simplicité apparente, les musiciens créent les conditions de l’immersion, contemplative et hypnotique, pour mieux nous entraîner au cœur du mystère : on plonge avec bonheur dans le velours noir d’Abysses et la mélancolie rock de Brumaire, en passant par la joie jubilatoire d’Etincelles.
On en ressort éclaboussés de lumière, comme pour mieux contempler la montée lente d’un éblouissement, derrière nos paupières devenues transparentes, là où scintille l’océan ROUGE.
Photo : Sylvain Gripoix
Texte : Valentine Losseau