La Litanie des Cimes

Parrainé par : D'Jazz Nevers Festival

Trio à l’instrumentation plus proche de la musique classique que du jazz traditionnel (clarinette, violon, violoncelle), l’alliance formée par Clément Janinet, Elodie Pasquier et Bruno Ducret s’aventure dans les sphères explorées par Jimmy Giuffre (pour le côté jazz de chambre & clarinette), l’Art Ensemble of Chicago (pour les expérimentations transcontinentales), Sclavis-Romano-Texier (pour le lyrisme sans chichi) et Christian Wallumrød (pour le versant musique contemporaine des forêts).

- Le Grigri

Créé en 2019, par le violoniste Clément Janinet avec Élodie Pasquier aux clarinettes et Bruno Ducret au violoncelle, le trio La Litanie des cimes pourrait aisément se ranger du côté des musiques paysagères. Grands mouvements, tempos lents d’apparence, contemplations harmoniques faciliteraient l’auditeur rapide dans cette tâche. Bien entendu, il y a tout cela mais attention, ici aussi, l’imagination est au pouvoir. Rappelons que Janinet a récemment ouvert la cage magnifique de son O.U.R.S. sur le Free et les danses tradis. Rappelons qu’Elodie Pasquier défouraille avec la même aisance dans les grandes largeurs du Toubifri, de son trio Mona et en solo. Rappelons que Bruno Ducret est un familier des jeux avec les mots (Connie and Blyde) et du compagnonnage des récitants. Aucune surprise donc, à entendre qu’au sein de La litanie des Cimes, l’improvisation est libre, pudique et introspective sans être recluse. Les harmonies échangées par le trio sont sans cesse rebattues par la répétition des motifs. On y entendrait presque des dialogues agités. L’écriture est régulièrement secouée d’une énergie ardente. La précision de touches des deux cordes, violon et contrebasse, font le lit de la clarinette qui n’a, dès lors, aucun besoin de s’époumoner pour convaincre. Fouillis intime contre clarté commune, vivacité du trait contre délicatesse mélodique. Il faut entendre Blues ou Mauvais Temps pour le comprendre. La musique y est très ouverte et pourrait sonner comme la bande son d’un film-catastrophe sur la fin du monde, entendue depuis le sommet des grands arbres.


Photo : Stan Augris
Texte : Guillaume Malvoisin