Il s’est alors agi de se barrer dare dare, et il y avait ce trou. Aussi bien, sans doute, ça ne menait nulle part, mais des fois on n’a pas le choix, et des fois on s’en fout, on n’attend rien. On s’était arrêtés. On matait tous azimuts, haletants et désarmés. Puis on s’est un peu repris, on s’est observés une seconde et brusquement, d’un commun et tacite accord, on a tracé dans une direction. Bien nette.
Avec leur nom sorti d’un livre de l’ethnologue Roger Boulay, « Nula hula, Pilou pilou, cannibales et vahinés », qui s’attache à démonter les stéréotypes d’un imaginaire occidental brassant avec allégresse le robinet à fantasme d’un exotisme facile, Cannibales et Vahinées, le groupe, remet lui aussi quelques idées en place.
Le trio convoque jazz éthiopien du début des années 70, free jazz et improvisations, rock, post rock et electronica, combinant ces influences croisées en tourbillons d’une efficacité foudroyante. Les trois musiciens, qui évoluent dans la très active galaxie jazz toulousaine (Friture Moderne, Tigre des platanes, KATZ, Freddy Morezon), manient là avec délectation douceurs en trompe l’oeil et fausses sauvageries, régurgitant avec une vigueur inouïe les patrimoines abordés.