En 2022, dans le cadre du projet Footprints Le Périscope et AJC publiaient une étude intitulée : Quel impact Carbone pour les lieux et festivals de jazz ? L’observation et la connaissance des impacts permettant d’établir des stratégies cohérentes avec les réalités du terrain, le calcul de l’impact Carbone de la tournée Jazz Migration est apparu comme une suite logique.

Ecrit par Gwendolenn Sharp,
Directrice de The Green Room

Depuis sa création en 2002, Jazz Migration n’a eu de cesse d’évoluer, en termes de représentativité, de diffusion ou d’accompagnement des musicien·nes. Pensé et construit pour mettre en lumière les musicien·nes émergent·es de la scène française, il a ensuite intégré un parcours de professionnalisation et un accompagnement artistique. La diffusion est au cœur du dispositif, et depuis 2022, le projet se déploie également au-delà des frontières européennes.

Le choix a été fait de se concentrer sur la mobilité des artistes (volets déplacements, alimentation et hébergement) et si les chiffres ne couvrent que deux années, les comparatifs dessinent déjà des enseignements et des pistes de travail. À nombre de concerts constants, avec un nombre de musicien·nes légèrement supérieur, la tournée Jazz Migration 2023 pèse 31tCO2e contre 43tCO2e en 2022. La partie transport est sans surprise celle qui représente la plus grosse part des émissions.

Pour la tournée 2022, 92 % des émissions sont liées aux dates internationales (31 concerts) contre 89% en 2023 (30 concerts). Pour un nombre quasi équivalent de concerts et de musicien·nes impliqué·es et en maintenant les partenariats intercontinentaux, les émissions ont diminué de 30% entre 2022 (40tCO2e) et 2023 (28tCO2e).

Cette baisse significative s’explique par une forte réduction des dates uniques impliquant un déplacement en avion (10 en 2022 contre 4 en 2023), des tournées plus longues (p.ex. 11 dates de suite en Finlande, Estonie et Lettonie) et un report modal de l’avion vers le train pour certains trajets internes, comme en Indonésie.

Pour les tournées en France métropolitaine, les trajets s’effectuent en train et à de rares exceptions en voiture. L’impact de l’alimentation et de l’hébergement apparaît alors proportionnellement de manière plus importante. Le choix d’hébergements transparents dans leurs démarches de réductions ou de repas végétalisés peuvent également contribuer à l’atténuation des émissions.

Ce focus sur le calcul Carbone de la mobilité des artistes met bien évidemment en avant le poids que représente l’usage de l’avion. La défense de la mobilité et d’une plus large diversité artistique qui sont au cœur de Jazz Migration implique-t-elle alors nécessairement des circulations intercontinentales ?

La seule lecture des chiffres ne permet pas de répondre et il devient nécessaire de mobiliser d’autres critères d’évaluation tels que la pérennité des partenariats établis, la réciprocité des échanges, l’impact sur le développement de la carrière des artistes, etc.[1]

À poursuivre

Ne plus pratiquer les dates uniques à l’international. La différence entre 2022 et 2023 illustre l’intérêt de mutualiser les tournées, en particulier sur les territoires lointains.

Privilégier les trajets en train dès que possible.

Poursuivre la sensibilisation et la formation des musicien·nes autour des enjeux environnementaux et impliquer l’ensemble des parties prenantes.